Au fil de l’eau…
Dans l’eau du canal
« Dans l’eau du canal s ‘épanouissent de loin en loin d’énormes remous, d’énormes borborygmes, effloraison gargouillantes de peu vraisemblables explosions sous – marines. Toute la matinée – et encore pendant ma brève halte du midi, à Tonnerre – j’échoue à résoudre cette énigme dont la clef ne me sera donnée qu’à l’écluse d’Argentenay : ces remous, ce sont des carpes qui les produisent, vautrées en surface parmi d’équivoques chevelures aquatiques, des carpes écœurantes, aussi grasses que celles des fossés de Chantilly. Elles pullulent entre Argentenay et Lézinnes, tellement gavées, tellement sûres de leur affaire qu’elles ne prennent même plus la peine de se mettre en plongée à mon approche. »
© Jean Rolin – Chemins d’eau ; Edition La table ronde – 1980
Faune et flore
« Quand l’artiste voit les arbres comme des témoins de notre écosystème, l’ingénieur organise la présence des arbres comme une pensée du territoire. »
© Christophe Gonnet
Histoire et mémoire
L’alignement, image indissociable des routes et des canaux
Dans les grands paysages, les plantations en général composées d’arbres de hauts fûts (platanes, peupliers ou marronniers), par leur linéarité et leur régularité constituent un axe qui conduit le regard, révèle les accidents du relief, décodent les géographies traversées ; collines, plateaux, vallées…, définissent l’échelle et fixent même les limites du site. Le choix des essences évoque encore l’image de certains pays.
On associe volontiers les platanes à la Provence, les tilleuls aux Baronnies, les fruitiers à l’Alsace ou à la Lorraine, les chênes à la Bretagne ou encore les noyers au val de Vienne…Elles participent ainsi, au dessin et à la lisibilité d’une région, renforçant parfois même son identité. Elles constituent un espace du voyage, accordant à l’ouvrage d’art sa dimension et son échelle propre qui n’est pas celui du terrain traversé ; l’espacement même des arbres, qui par les vertus de la perspective crée l’impression de voûte ou de tunnel verdoyant, ménage pourtant des intervalles, des séquences où la vue s’échappe, où le paysage est alors mis en scène.
Les plantations permettent de lier l’infrastructure au paysage. Avec leur disparition, c’est tout le système canal qui s ‘appauvrit, mais c’est aussi un paysage en soi qui s’efface…
© Anne Krigel – extrait de « Plantations françaises » – in un canal… des canaux… – Edition Picard – 1986
Faire la balade sonore
“Paysages sonores entre canal et méandre”
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